Quatre semaines que je suis arrivée au Liberia et je trouve seulement maintenant le temps et le moyen d'ajouter un message à ce blog.
Les raisons de mon silence sont multiples. D'abord, le changement est de taille et l'adaptation suit lentement son cours. Deuxièmement et expliquant la première raison, mon installation requière plus d'efforts que je ne l'avais anticipé : il me faut encore emménager dans le logement de mon choix et les limites de mon budget. Enfin, la connexion à internet a plutôt fait défaut jusqu'à présent, même au bureau où la connexion est insatisfaisante.
Compte-rendu de la première semaine dès mon atterrissage :
Après avoir passé les formalités du service de l’Immigration, m’attendait une dame en uniforme brandissant une pancarte lisant STCP – pour ‘Sustainable Tree Crops Program’. Je la saluais tandis que déjà des bagages patientaient pour être récupérées par leurs propriétaires. L’un de mes deux bagages étaient déjà là ; l’autre ne tarda pas à suivre.
Après avoir passé l’interrogatoire de l’officier de la douane (« Non », je ne transporte aucun appareil électronique, ni ne travaille pour les Nations Unies. ») m’attendaient au-dehors le chauffeur et un employé du bureau. Nous roulâmes près de trois-quarts d’heure avant d’atteindre Monrovia.
Autant dire que j’étais éreintée à mon arrivée à l’hôtel vers 1h30 après avoir quitté la maison presque 15 heures plus tôt – comprenant une escale de près de cinq heures à l'aéroport de Casablanca (Maroc).
International Roberts Airport
Dans l'avion liant Casablanca à Monrovia (capitale du Liberia) – et continuant vers Freetown (capitale de la Sierra Leone), j'ai fait la connaissance de Gerban Abijaoudi, Libanais, dont le père est établi depuis longtemps au Liberia et possédant entre autre un supermarché bien fourni à l'occidentale. Mon voisin dans l'avion a partagé avec moi sa vision optimiste et son goût prononcé pour le Liberia. Ce qui m’a mis du baume au cœur, à l’approche de ma destination.
L'aéroport International Roberts est minuscule et très dépaysant avec un baraquement et une tente des Nations Unies en guise d'accueil. L'aéroport a joué un rôle clé durant la guerre puisque des armes y étaient livrées aux rebelles et a été bombardé par la force aérienne de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).
La guerre a marqué les esprits. Ca ne se lit pas sur les visages, mais ça s'entend dans les récits et paroles des gens. La guerre n'est pas un tabou cependant. Par exemple, la femme de Charlers Taylor – divorcée en 2006 – a été élue sénateur pour le Comté de Bong aux élections de 2005. Prince Johnson, jadis allié à Taylor et ayant supervisé l'exécution de Samuel Doe, a également remporté un siège au Sénat pour le Comté de Nimba.
Le Directeur du Programme ‘Sustainable Tree Crops’, MacArthur, m'a dit avoir écrit sur son expérience pendant la guerre. Réfugié en Côte d'Ivoire mais continuant à travailler pour l'Agence des Etats-Unis pour le Développement International (USAID), il venait régulièrement en mission à Monrovia et constatait l'étendue des dégâts et la pénurie alimentaire.
Pendant quatre jours, j'ai logé à l'hôtel très convenable Royal Hotel. Puis, j’ai voyagé dans l’arrière pays pour assister à la remise des diplômes de la promotion 2007 du ‘Farmers’ Field School’ (FFS) à Saclapea, dans le Comté de Nimba.
Le FFS constitue une formation pour les producteurs de cacao afin qu’ils apprennent et adoptent les techniques qui permettent une production d’une plus grande quantité de cacao de meilleure qualité. Ainsi, les fermiers peuvent obtenir plus de revenu de la vente de leurs produits. En outre, une composante de renforcement des capacités des organisations de fermiers et des coopératives apportent les outils de gestion et de marketing indispensables au bon fonctionnement de leur entreprise.
J’ai aussi visité le bureau de STCP à Gbarnga, dans le Comté de Bong. J’ai passé deux nuits dans une ‘guesthouse’ peu attrayante, mais faute de mieux j’ai adopté l’endroit comme pied-à-terre de mission dans la région.
Ceci conclut ma première semaine au Liberia. La température me semblait alors moins élevée et l'air moins humide, donc moins désagréable qu'au Ghana. Je me sentais dans la peau de celle qui découvre l'Afrique pour la première fois, toutefois abordant la nouveauté avec plus de sérénité.
Pourtant, ma perception a changé depuis deux semaines, depuis mon retour du second voyage dans l’arrière-pays, où l’air est sec – surtout en période d’harmattan – et les nuits sont fraîches.
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